Mon rêve familier : Paul Verlaine
Publié le 25 Janvier 2012
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine utilise le sonnet comme mode d'expression. Il devient un des poètes incontestables de la poésie lyrique. Le ton mélancolique de ce poème donne une dimension plus sentimentale à cette relation amoureuse rêvée. Paul Verlaine décrit une femme idéalisée qui reste inconnue.
Ce poême est à la fois une quête de l'être aimée et un retour à un sentiment déjà éprouvé.
Ce sonnet est un pur bonheur de lecture, une ode à la femme vénérée comme les statues de l' Antiquité.