Destins de femmes : La Tresse de Laetitia Colombani

Publié le 26 Août 2018

Destins de femmes : La Tresse de Laetitia Colombani

Trois destins de femme qui se rencontreront jamais. Cependant, la vie les liera à tout jamais.

Giulia, en Italie, acculée par les dettes de la société familiale et le décès de son père, lutte pour sauver sa seule raison de vivre. Et si la seule raison à sauver était sa propre vie. Sarah, au Canada, une avocate tenace est acculée en paria par un cancer violent. Smita marquée par le "darma"refuse son destin et surtout celui de sa fille.

 

Ces trois femmes se confrontent à leur condition de femme et à la place que la société leur a accordé. Dans certains pays, elles sont adorées, dans d'autres le viol est la rançon de leur sexe. Le poids des traditions excuse trop facilement le sort fait aux femmes. La lutte est inégale. Pour obtenir des postes à responsabilité, elles oublient qu'elles sont des femmes, capable d'enfanter. 

 

Laëtitia Colombani ne livre pas un combat féministe acharné et malveillant à l'encontre des hommes. Elle expose des faits existants qui sont entrés dans une certaine banalité quotidienne et parfois assumée. Elle offre une image volontaire de briser des carcans où sont emmurées des femmes. La femme devient combattive pour se délivrer des chaines que les sociétés lui ont attribuées. L'auteur démontre que chaque femme est capable de discernement, de volonté et de rage de vivre.

 

Ce roman se lit comme le schéma d'une tresse. Chaque femme apporte un pan de sa vie, puis laisse place à l'autre inconnue du bout du monde. L'Italie, l'Inde, le Canada puis Giulia, Smita, Sarah....Le noeud qui sert la tresse n'est autre que la perruque qui unit des femmes qui désirent retrouver leur âme.

 

Vraiment un très beau livre sur la bravoure, le respect de soi et la rage de vivre !

Comme un grand filet d'âmes.
A celles qui aiment, enfantent, espèrent,
Tombent et se relèvent, mille fois,
Qui ploient mais ne succombent pas.
Je connais leurs combats,
Je partage leurs larmes et leurs joies.
Chacune d'elles est un peu moi.

C'est son karma, son devoir, sa place dans le monde. Un métier qui se transmet de mère en fille depuis des générations. Scavenger, en anglais le terme signifie "extracteur". Un mot pudique pour désigner une réalité qui ne l'est pas. Ce que fait Smita, il n'y a pas de mot pour le décrire. Elle ramasse la merde des autres à mains nues, toute la journée. Elle avait six ans, l'âge de Lalita aujourd'hui, quand sa mère l'a emmenée pour la première fois. Regarde, après tu feras. Smita se souvient de l'odeur qui l'avait assaillie, aussi violemment qu'un essaim de guêpes, une odeur insoutenable, inhumaine. Elle avait vomi au bord de la route. Tu t'habitueras, avait dit sa mère. Elle avait menti. On ne s'habitue pas. Smita a appris à retenir son souffle, à vivre en apnée, il faut respirer, a dit le docteur du village, voyez comme vous toussez. Il faut manger. L'appétit, ça fait longtemps que Smita l'a perdu. Elle ne se souvient plus comment c'est, d'avoir faim. Elle mange peu, le strict minimum, une poignée de riz délayé dans de l'eau qu'elle impose chaque jour à son corps défendant.

Ce qu'il n'a pas dit, ce que personne n'a évoqué, c'est cet effet plus indésirable encore que le syndrome mains-pieds, plus terrible que les nausées ou ce brouillard cognitif dans lequel, parfois, elle est plongée. Cet effet auquel elle n'était pas préparée, et qu'aucune ordonnance ne viendra soigner, c'est l'exclusion qui va de pair avec la maladie, cette lente et douloureuse mise à l'écart dont elle est devenue l'objet.

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Y a quelqu'un qui m'a dit...

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A
Salut ! <br /> J'avais déjà entendu parler de ce bouquin sur Insta, il a vraiment l'air poignant. J'ai bien envie de le lire !
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T
Je n'ai entendu que des échos positifs ce qui me perturbait un peu. Cependant après cette lecture, je me suis rangée à l'avis général. A lire absolument !