La petite fille de Monsieur Linh: Philippe Claudel

Publié le 23 Octobre 2010

Y a quelqu'un qui m'a dit de lire:

 

"La petite fille de Monsieur Linh" de Philippe Claudel

 

 008Un vieil homme, réfugié de guerre débarque dans une nouvelle ville mais surtout dans une nouvelle vie. Cet homme fragile physiquement, anéanti par le traumatisme de la perte de sa famille détruite par une bombe, se rattache à la vie grâce à sa petite fille "Sang diû". Ce roman est émouvant, poignant. On se lie au personnage principal comme s'il devenait notre bouée sur cette mer agitée de la vie. On se prend d'affection pour cet être faible qui porte en lui toutes les souffrances d'un peuple meurtri. Philippe Claudel associe, avec aisance, les évènements présents à la dureté des souvenirs du passé. Ce réfugié porte en lui un message d'espoir. Ses regards fuyants ne cherchent que le soutien d'un nouveau monde qui ne s'intéresse pas à lui. L'humanité de ce pays d'accueil est portée sur les grosses épaules d'un inconnu qui s'est lui-même déjà perdu. Philippe Claudel crée un langage gestuel, entre les deux hommes qui ne parlent pas la même langue, ce qui rend le récit encore plus lourd de signification. Le geste supplante la parole. Une main posée sur l'épaule est plus forte que toutes ces paroles vaines.

 

Voici quelques citations tirées du roman:

" Ce que sent le vieil homme, c'est que le ton de la voix de Monsieur Bark indique la tristesse, une mélancolie profonde, une sorte de blessure que la voix souligne, qu'elle accompagne au-delà des mots et du langage, quelque chose qui la traverse comme la sève traverse l'arbre sans qu'on la voie."

" Que son pays, pour ainsi dire n'est plus. N'est plus rien que des morceaux des souvenir et des songes qui ne survivent que dans la tête du vieil homme fatigué."

" Il se dit que la ville est trop grande, qu'elle est un monstre qui va le dévorer, ou le perdre."

" Qu'est-ce donc que la vie humaine sinon un collier de blessures que l'on passe autour du cou?"

" C'est comme si ses yeux étaient de plomb et l'entraînaient vers la contemplation de cette terre qui n'est pas la sienne, qui ne sera jamais la sienne, et sur laquelle il est contraint d'avancer comme un bagnard est contraint à sa peine."

"Des miracles parfois, de l'or et des rires, et de nouveau l'espoir quand on croit que tout autour de soi n'est que saccage et silence."

Rédigé par alapage

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