Dans les forêts de Sibérie : Sylvain Tesson

Publié le 7 Avril 2020

Dans les forêts de Sibérie : Sylvain Tesson

Pour ceux qui ne supportent plus le confinement, il existe un moyen infaillible de voyager sans quitter son canapé : lire. Oui, lire est une bouffée d'oxygène.

 

Sylvain Tesson entre dans la catégorie de mes auteurs contemporains que j'apprécie. A son bras, je découvre d'autres contrées insaisissables et mystérieuses que je n'aurais peut-être jamais l'occasion de découvrir.

Cette fois, en route pour le Lac Baïkal !

L'auteur a décidé de s'évader du monde de la cité pour se recentrer sur lui-même. Certains font des retraites spirituelles dans des couvents et d'autres marchent des heures pour se retrouver: Sylvain Tesson lui a décidé de se confronter à un monde froid et hostile si l'on ne fait pas attention.

 

Armé de victuailles, d'alcool et surtout de livres, le narrateur se confronte à la solitude de cette région glacée. Il reprend le temps d'écouter la nature, de repérer des traces laissées dans la neige par des ours, de pêcher au milieu d'un lac gelé et de marcher pendant des heures pour communiquer avec ses voisins.

Ce livre laisse entrevoir au lecteur une porte de sortie contre ce monde absurde, rapide et illusoire dans lequel nous évoluons. Ses propres lectures ne sont pas anodines et permettent aux lecteurs aventuriers ou aventureux de poser les jalons d'autres réflexions. 

Dans cette oeuvre, le lecteur reprend le temps de comprendre son appartenance au monde. Les lenteurs permettent de capter l'essence du temps. C'est juste magnifique. L'interaction entre l'homme et la nature abonde dans ce sens ; Etre ici et maintenant. Savourez des heures d'attente pour enfin voir apparaître un poisson au bout de la ligne. 

 

Ce roman demeure d'actualité: regarder le monde d'un regard neuf, écouter la mélodie des oiseaux, observer un insecte qui se pose sur une fleur, vénérer le soleil... Beaucoup de choses oubliées par notre volonté de tout posséder maintenant et immédiatement.

 

 

 

Je me suis installé pendant six mois dans une cabane sibérienne sur les rives du lac Baïkal, à la pointe du cap des Cèdres du Nord. Un village à cent kilomètres, pas de voisins, pas de routes d'accès, parfois, une visite. L'Hiver, des températures de -30°Cl'été des ours sur les berges. Bref, le paradis.
J'y ai emporté des livres, des cigares et de la vodka. Le reste- l'espace, le silence et la solitude-était déjà là.

La glace craque. Des plaques compressées par les mouvements du manteau explosent. Des lignes de faille zèbrent la plaine mercurielle, crachant des chaos de cristal. Un sang bleu coule d'une blessure de verre.

Le luxe? C'est le déploiement devers moi de vingt-quatre heures, offertes chaque jour à mon seul désir. Les heures sont de grandes filles blanches dressées dans le soleil pour me servir. Si je veux rester deux jours sur le châlit à lire un roman, qui m'en empêchera? S'il me prend l'envie au soir tombant de partir dans les bois, qui m'en dissuadera? Le solitaire des forêts a deux amours, le temps et l'espace. Le premier, il l'emplit à sa guise, le deuxième, il le connaît comme personne.

Qu'est-ce que la société ? Le nom donné à ce faisceau de courants extérieurs qui pèsent sur le gouvernail de notre barque pour nous empêcher de la mener où bon nous semble.

Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Roman, #Sylvain Tesson, #Sibérie, #lac Baïkal, #spirituel

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