...mais la vie continue de Bernard Pivot

Publié le 28 Février 2021

...mais la vie continue de Bernard Pivot

Ce livre arriverait presque à me réconcilier avec ma future vieillesse. Mais ceux qui me connaissent et mon moi éternel émettent certaines réticences à franchir le pas ou la marche. 

Certains me tarabusteraient en m'infligeant cette réplique cinglante : "ne serait pas pour l'auteur que tu as lu ce roman sur la vieillesse?" J'avoue que Pivot (sans jeu de mots) fut un Pivot de mon adolescence. Je suivais assidument ses émissions littéraires qui creusaient les tréfonds des oeuvres et de leurs auteurs.

Parlons de son oeuvre que je remercie d'avoir édité en évitant de s'étendre sur une autobiographie que d'autres se chargeront d'écrire accompagné de sa nécrologie. Je vous en prie Monsieur Pivot laissez aux autres le mérite de vous honorer.

Comme vous le soulignez à juste titre la mort peut frapper à n'importe quel moment et la faucheuse n'attend pas le nombre des années. Le plus jeune de votre bande n'assistera malheureusement plus à vos repas mais sera toujours convoqué à la table de vos souvenirs. 

L'auteur, de manière assez honnête et juste, dépeint les travers de sa propre vieillesse. Il octroie une place de choix au lecteur au milieu de ses convives. A chaque repas un thème est abordé : des mots désuets, à des modes qui se font et se défont, à nos rapports aux autres, aux attentions des uns et des autres, à la santé (à laquelle il faut faire attention sans qu'elle ne devienne une obsession...

Les dernières pages ne sacralisent pas des remerciements dont la plupart des lecteurs se passeraient bien mais une liste pour continuer à arpenter la vie et ses années fragiles de manière sereine avec un désir de continuer à découvrir la vie.

Je vois bien que nous, les vieux, marchons vers la tragédie. Elle nous attend, elle nous observe, peut-être prépare-t-elle déjà une embuscade. Impossible de ne pas y penser de temps en temps, mais pas trop. Contre ce poison récurrent, il est nécessaire d'avoir recours aux antidotes de l'humour et de la gaieté.

D'autres que moi écriraient que vieillir, c'est terrible, c'est effroyable, c'est abominable, c'est tragique. Je préfère "chiant" parce que c'est un adjectif vigoureux, de naissance populaire, qui ne fait pas triste et qui appelle un refus, une révolte.

Je serai même toujours demandeur de clins d'oeil amusés ou canailles du destin.
La fidélité à celui qu'on a toujours été, voilà une belle ambition de vieux bonhomme.

Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #2021, #Pivot Bernard, #Albin Michel, #Vieillesse

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