Fusion, tu seras mon fils : Gérard Bourguignat

Publié le 25 Juillet 2016

     A la découverte d'un nouvel auteur: cela faisait une paille que je ne m'étais pas attardée sur un auteur en devenir.

   Vous vous laisserez surprendre par votre attachement soudain à Julien : ce jeune homme en quête de repères sentimentaux.

    Le propriétaire de la supérette s'éprend de passion pour la mère de Julien qui élève seule son fils. La relation évalue favorablement entre les deux amoureux. Julien adhère à cette union. Il est en recherche d'un père et Robert en attente d'un fils.

Leur relation est ambigüe. Comment doit-on se comporter face à un étranger qui devient un membre important de la famille. Cet amour filial voire incestueux est-il raisonnable?

 

    Gérard Bourguignat parsème durant le récit des bribes d'une vie basée sur des certitudes surtout celle de l'absence du père, mais aussi sur une quête d'identité amoureuse qui définit les troubles de l'adolescence. Le travail de Gérard Bourguignat se peaufine en couches successives : la découverte des troubles sentimentaux, patriarcal, matriarcal, amoureux. L' apparition de ses troubles se dissout de manière lancinante et troublante dans l'esprit du jeune homme. La clairvoyance reste énigmatique: tous les sentiments se côtoient aux frontières troubles et semblables : l'amour d'un beau-père, l'admiration d'une idole, d'un messie ou l'amour amoureux dans sa pureté. Comment cet homme en devenir se débat avec toutes ses subtilités ?

     La structure du roman utilise tous les points de vue littéraire. L'auteur entre sans frapper dans l'esprit des deux principaux protagonistes qui sont le centre névralgique du roman. La mère devient un personnage secondaire. Elle permet simplement une rencontre troublante.

     L'auteur accorde autant de temps à Julien et à Robert : le temps de la découverte maladroite et emplie de bienveillance. Dans ce rapport à l'autre, l'écrivain décrit avec justesse le rite amoureux: la découverte, la peur de l'autre, la paralysie du sentiment...

    L'amour filial effraye quand celui-ci apparaît à l'âge adulte.

    Très bonne découverte sur les joies d'être père et les angoisses qui en découlent mais aussi celle de l'acceptation d'avoir un père de substitution. Je conseille de lire ce roman car il offre une vision réelle et humaniste parfois galvaudée des relations filiales.

Julien ne se le fit pas dire deux fois. Arrivé dans sa chambre, il tomba, dos collé au lit, immobile, les yeux grands ouverts: Une sorte de nausée l'envahit. Il fait l'estomac noué. Comment avait-il pu céder à son agresseur et surtout, pourquoi y avait-il trouvé du plaisir? Il se sentait sale. Il avait honte et ne comprenait pas ce qui s'était passé, sinon qu'il avait accepté ce baiser furtif et qu'il y avait répondu: Et l'autre qui lui demandait le silence. Comme si on racontait ce genre de choses à sa mère. Ah, si mon père était là, lui, il saurait ; il lui dirait ce qu'il fallait faire.

- J'ai paniqué, Julien, je me suis rendu compte de l'énormité de mon geste. Faut pas m'en vouloir, je te l'ai dit, je n'ai trouvé que ce moyen. Quant à l'attirance dont tu parles, ce serait comme une amitié forte entre homme, ou de l'amour entre un père et son fils. Pourquoi tu me hais ? ça, j'aimerais ne pas avoir à te répondre: Je pense, sans être psychologue, que je me suis substitué involontairement à l'image que tu te faisait de ton père depuis ta plus tendre enfance et que tu l'as mal vécu, tu ne crois pas?

- Ben, oui, selon l'endroit, comme tu es en hauteur, tu te trouves au-dessus du vol des corbeaux et tu ne vois donc que leur dos ! L'empereur Constantin disait plus poétiquement : "Constantine, la ville où l'homme est plus haut que l'aigle."

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Rentrée littéraire 2016

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G
Mille mercis pour ce commentaire qui dissèque les sentiments, les peurs, les angoisses, l'incompréhension qui sont mêlées tout au long de ce récit. Vous êtes rentrée dans mon âme...<br /> Encore merci et excellente journée à vous. GB
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