Si :Tu seras un homme, mon fils : Rudyard Kipling
Publié le 26 Novembre 2012
Rudyard Kipling est connu principalement pour ses écrits pour la jeunesse dont le plus réputé reste "Le livre de la jungle". Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1907.
Rudyard Kipling écrit ce poème en l'honneur de son fils qui est mobilisé durant La Grande Guerre en 1910. Son titre initial est "if" et ce texte a été traduit par André Maurois. John Kipling est mort sur le front en 1915 durant la bataille de Loos.
Lors de la rédaction de cet écrit, Rudyard Kipling ignore la future disparition de son fils. Il est confiant dans les forces armées mais surtout il accorde à son fils un très grand crédit. Il pense que la guerre fait d'un jeune adulte, un homme.
Ce poète anglais demande à son fils de rester fidèle à lui-même. Il ne faut jamais qu'un enfant se renie et renie ses parents. La fierté d'un père doit demeurer intacte face aux aléas du temps et des évènements. Cependant Rudyard Kipling se sent responsable de la perte de son fils car c'est lui qui insiste pour que John intègre l'armée et rejoigne le front.
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peut être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.