Marie chez les nudistes (fin)
Publié le 18 Avril 2012
Je descends de l'estrade et de mon nuage. Je reçois avec convoitise les louanges sur mes exploits de scène. Je remercie chaleureusement Séverine qui a oeuvré à mon succès. J'avoue être bien dans ma peau, heureuse voire euphorique.
On décide de célébrer dignement mes premiers pas dans le monde du mannequinat. Mes amis m'octroient la place de reine de la fête. Ils me posent milles questions comme une star d'Hollywood que je ne serais sans doute jamais. Mais jamais a quitté volontairement mon dictionnaire. Tout est faisable dans la vie si tu acceptes de vivre à fond les expériences. Je réponds aux sollicitations de chacun comme une diva. Je leur confie que j'ai failli uriner sur scène. On me fait remarquer que je n'ai pas perdu mon humour. C'est encore une chose que j'ai découverte : j'ai de l'humour.
Le repas se compose de pizzas et de rosé : les bases d'une dernière soirée en camping. Je ris à gorge déployée. J'entends avec une certaine pointe de revanche, la prof d'aquagym me féliciter de cette victoire. Saura-t-elle un jour que ce n'est pas une victoire mais une revanche sur ma vie ? Je n'ai pas franchement envie de lui raconter. Balthazar me fixe avec un regard insistant. Quoi, j'ai encore de la sauce tomate sur le décolleté. Désolée, je n'ai pas de décolleté; c'est vue directe sur les chutes du Niagara. C'est évident mes seins n'ont plus la forme de poire. Mon corps, lui par contre, se transforme en poire plus ferme. Cela a du bon de se bouger l'arrière-train. Il me sourit car il constate que mes yeux se situent plus haut. Il me félicite enfin. Sitôt, les agréables propos prononcés, la bimbo de la piscine se transforme en sensue et s'accapare le bellâtre.
Aucun problème, dans mon séjour, je n'avais pas prévu de ramener une valise supplémentaire. Chaque chose en son temps, mes prochains objectifs seront de profiter de la vie, de trouver chaussure à mon pied (rencontre.com j'arrive !).
Les heures s'écoulent rapidement, les conversations se tarissent. On se fait la bise devant les bungalows. Les amis se promettent de s'écrire. Le fera-t-on ? Certains partiront dans la nuit car ils ont beaucoup de kilomètres à parcourir. Pour les valises, pas de problème pour plier les vêtements, on n'en avait pas. C'est assez pittoresque de sortir sa tenue pour se rhabiller et revenir dans cette société tellement codée.
Je rentre une dernière fois dans mon lieu de villégiature qui m'a permis de vivre cette expérience formidable et de rencontrer des gens géniaux qui vivent sans a priori. Je range mon fatras, passe un coup de balai. Je nettoie les sanitaires. Le mobilehome doit être rendu propre afin de permettre à d'autres nudistes de vivre leur moment de bonheur. Je n'ai pas envie de dormir. J'ai défroissé mon pantalon et ma chemise. J'attrape une culotte et un soutien gorge (drôles d'ustensiles). Je m'allonge enfin sur le lit, je repense à mes moments de doutes, à mes conversations, à mes fous-rires. J'ai passé un séjour inoubliable.
Demain sera une épreuve supplémentaire : quitter un lieu qui m'aura appris à exister.
Le jour du départ est arrivé, je glisse sous la douche. Je laisse ruisseler l'eau sur mon corps dénudé. Je suis heureuse. Je m'habille. J'avoue avoir une drôle de sensation en remettant ma culotte. Enfin, je ne peux pas décemment me balader sans cet accessoir. Je me souvenais pas de cette friction de mes fesses sur le tissu. Il faudra que je change ma garde robe. Je suis enfin prête, le coeur lourd je me dirige vers l'accueil pour rendre mes clefs.
Les derniers campeurs s'embrassent. Séverine pleure dans mes bras. Je lui promets de lui envoyer un texto dés mon arrivée. Je lui donne mon adresse mail. Je salue tout le monde, il faut vraiment que je rentre.
Lundi, je retournerai dans mon entreprise et attention les yeux ,en femme qui aime croquer la vie.