La dame de Saïgon : Karine Lebert

Publié le 24 Juin 2013

 Y a quelqu'un qui m'a dit de lire

 

 La dame de Saïgon de Karine Lebert

 

 IMG-copie-6.jpgMarianne, une jeune fille, embarquée dans une aventure familiale au coeur de la Cochinchine, revisite toute la puissance d'appartenir à une nation. Elle s'attache à ce pays en poursuivant ses études chez des soeurs où elle découvre une langue étrangère qui recèle bien des secrets. Son père et deux de ses frères se lancent dans l'exploitation du riz qui s'avère être une idée saugrenue. Après une défaite cuisante, ils cultivent des arbres à caoutchouc mais l'aventure et l'adaptation au climat et à la rudesse des hommes confrontent les héros à leurs propres angoisses.

 Les femmes subissent leur condition. Cependant Marianne refuse sa destinée et se marie contre l'avis familial avec un Annamite Anh Dung Hong. Cette situation accable sa famille et les mouvements politiques tissent une toile autour de ce couple emblématique. Elle s'adonne à sa passion : l'écriture qui lui vaudra de découvrir les plus grands secrets de ce pays magnifique.

 Une histoire d'amour sur un fond de révolte et de guerre contre le colonialisme.

 Le roman se veut réaliste dans sa progression historique. L'auteur utilise une femme de caractère qui se lie d'une passion amoureuse et destructrice pour un homme en lutte contre la domination française.

 La description de la moiteur du pays transpire dans les pages du roman. La rudesse des hommes dominants et dominés s'appuie sur des faits réels. La volonté d'un homme de sauver son peuple s'oppose ou s'apparente à la difficulté d'aimer une fille de planteur blanc.

 Ce roman aborde aussi la notion du racisme sans aucun tabou. L'acceptation qu'un homme blanc s'achète ou vive avec une femme asiatique est tolérable tandis qu'une femme blanche qui s'unit avec un homme asiatique et enfante atteint le sommet de l'intolérable.

 Roman d'aventures humaines et d'idéal !

 

 

Voici quelques citations tirées du roman:

 

"Elle n'avait pas l'intention de parler de ses prétentions littéraires à sa famille. Sans s'estimer supérieure, elle se savait différente, peut-être parce qu'elle était la seule à avoir poursuivi ses études. Son père, Sylvain ainsi que Jerôme avaient fait leur cette terre rouge du delta du Mékong. Sa mère s'épanouissait dans l'entretien d'une maison assez vaste pour l'occuper toute la journée, sans pour autant en être esclave. Étienne était imprégné de sa foi, comme elle de ses écrits, mais il était trop loin à présent pour qu'elle puisse en faire son confident. Quand à Adèle, même si elle l'adorait, elle n'était pas dupe de son côté superficiel qui s'éloignait de considérations obscures comme les rapports entre Blancs et Jaunes. Et son mari, descendant d'une lignée de planteurs, ne pouvait qu'être partisan de la suprématie arrogante des colons. Marianne était d'ailleurs bien trop timide pour se livrer à quelqu'un qui n'était pas de son sang."

 

"Ce fut à l'occasion de cette chasse aux tigres que la jeune fille revit à la fois Anh Dung Hong et Charles Sologne. Elle en fut toute retournée, preuve qu'elle n'était pas si émancipée que ses paroles ou ses actes pouvaient parfois le laisser penser. Les réactions des deux hommes furent à l'opposé l'une de l'autre. Anh Dung se contenta de la saluer avec brièveté sans engager la conversation; rien ne laissait entrevoir le moindre signe de plaisir à la trouver sur mon chemin. En revanche, Charles ne dissimula pas sa joie et s'arrangea pour demeurer à ses côtés le plus longtemps possible, tout en respectant la bienséance et se tenant à la disposition des autres pour un éventuel assaut."

 

"Elle s'accrochait à lui en regrettant toutes les disputes pour des motifs futiles, tout en sentant son  mari lui échapper inexorablement. Il ne lui avait jamais vraiment appartenu. Elle n'essayait même plus de le retenir. Elle avait perdu contre quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensé devoir combattre : un idéal ! Pas une maîtresse  de vingt ans plus jeune, pas un vice comme le jeu ou l'alcool ! Cette idée la rendait folle. Elle se sentait pour la première fois de sa vie impuissante : Anh avait fait son choix. Il ne reculerait pas. Vaincue, elle le laissait vivre sa vie loin d'elle et de ses enfants, en espérant qu'il leur revienne un jour."

 

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Y a quelqu'un qui m'a dit...

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