L'enfant et l'étoile : Catulle Mendès
Publié le 27 Juin 2013
Que c'est triste d'admettre que l'adulte a perdu son âme d'enfant, sa part d'espoir parce que les contraintes de l'existence le poussent à oublier de rêver !
Catulle Mendès symbolise par ce poème la vision du monde d'un enfant en opposition à celle d'un adulte. La souffrance de la disparition de ce bonheur simple se lit dans les paroles de l'enfant qui baisse le front. L'adulte ne réalise pas que son insouciance a disparu en grandissant. Il a oublié trop rapidement que cette étoile était le symbole de son détachement face aux difficultés de la vie. Il la perçoit comme un astre qui disparaît en fermant les yeux, contrairement à l'enfant qui garde l'image idyllique de cette étoile dans le ciel bleu.
La nonchalance et le bonheur simple de l'enfant s'affronte au regard rigide et froid de l'adulte. Toutes les activités de l'enfant semblent insipides au vue de la maturité. L'ignorant possède en lui tous les moyens d'affronter la vie tandis que l'homme sage croit posséder la sagesse et se trompe.
Catulle Mendès, poète français, compte parmi ses amis, Théophile Gautier, dont il épousera une de ses filles (cause de leur brouille). Il collabore à de nombreuses revues et insuffle avec Louis-Xavier de Ricard le mouvement "Parnasse" (valorise l'art poétique par la retenue, l'impersonnalité et le rejet de l'engagement social et politique des artistes).
Un astre luit au ciel et dans l'eau se reflète.
Un homme qui passait dit à l'enfant-poète :
"Toi qui rêves avec des roses dans les mains
Et qui chantes, docile au hasard des chemins,
Tes vains bonheurs et ta chimérique souffrance,
Dis, entre nous et toi, quelle est la différence?
- Voici, répond l'enfant. Levez la tête un peu;
Voyez-vous cette étoile, au lointain du soir bleu?
- Sans doute!
- Fermez l'oeil. La voyez-vous, l'étoile?
- Non, certes."
Alors l'enfant pour qui tout se dévoile
Dit en baissant son front doucement soucieux :
"Moi, je la vois encore quand j'ai fermé les yeux."