Jane Eyrotica : Charlotte Brönte & Karena Rose
Publié le 9 Mai 2013
Jane Eyre, une jeune orpheline, élevée par une tante acariâtre et des cousins ignobles, subit toutes les humiliations. Elle vit sa première
histoire amoureuse avec son cousin qui lui fait subir, à travers un faux amour, tous les outrages. Dans un accès de rage, il la blesse violemment. Cet incident permet à la jeune fille de fuir ce
foyer déshumanisé.
Elle part vivre dans une institution où les privations font partie du quotidien de ces jeunes filles. Elles reçoivent une éducation au prix d'un labeur constant.
Après une épidémie de typhus, l'institution perçoit des investissements qui permettent aux jeunes filles d'être instruites correctement. Jane possède toutes les qualités requises pour devenir gouvernante. Cependant, sa vie est vide. L'amour apparaît sous les traits d'un jeune homme d'écurie mais malgré des relations sexuelles intensives. Jane continue de rêver à l'amant idéal. Elle le transporte dans ses rêves.
Un jour de mélancolie, elle décide de prendre son destin en main et de devenir gouvernante dans le domaine de Thornfield. Elle donne une instruction à une jeune pupille et ne connaît pas son maître.
Lors d'une sortie au village, elle croise un cavalier et une relation passionnée et destructrice se noue.
Qui est cet homme, au regard sombre et noir? Ses attitudes recèlent une souffrance dont il ne peut échapper. Jane Eyre souffrira de cet amour charnel puissant et dominateur.
Karena Rose reprend l'histoire de Jane Eyre de Charlotte Brönte et lui accorde des pulsions charnelles plus modernes.
Les scènes bucoliques se développent au rythme des désirs sexuels de Jane. Cette héroïne devient une amante acharnée.
Ce roman érotique regorge de référence à des contes tels que "Cendrillon" (condition de vie de Jane). Le lecteur adhère à ce personnage car il le découvre dans sa condition d'orpheline et découvre au fil des jours son évolution. Ses relations difficiles avec les hommes lui donnent une légitimité. Le personnage s'émancipe dans son éducation mais aussi dans sa vie de femme libre qui s'oppose à la politique concernant les femmes de l'époque.
L'environnement, dans lequel elle évolue, structure le roman et donne des informations complémentaires sur l'esprit tourmenté de Jane Eyre.
Cette rencontre amoureuse est structurée par des évènements d'un ordre surnaturel ou non. Des cris et des actes de malveillance ponctuent le livre. Le troisième étage de ce manoir éloigné de toutes habitations serait-il hanté?
Un roman érotique avec une jolie histoire qui se termine plutôt en demie-teinte.
Voici quelques citations tirées du roman :
" En outre, l'insuffisance de nourriture était un vrai supplice. Douées de ces grands appétits des enfants en croissance, nous avions à peine de quoi soutenir un malade affaibli. Il en résultait un abus qui s'exerçait sur les plus petites. Chaque fois qu'elles en trouvaient l'occasion, les grandes, toujours affamées, cajolaient ou menaçaient les plus petites pour extorquer une part de leur nourriture. Bien des fois j'ai partagé entre deux de ces quémandeuses le précieux morceau de pain noir donné avec le café. Et, après avoir versé à une troisième la moitié de ma tasse, j'avalais le reste en pleurant de faim tout bas."
"Je lui pris la tasse. La porcelaine cliquetait entre mes mains tremblantes. J'eus recours à mon autre main pour affermir la première sans être remarquée et avançai lentement vers Mr Rochester. Je m'arrêtai devant lui et, pour la première fois depuis cette soirée, ses yeux noirs rencontrèrent les miens. Je retins un cri, un brusque élan de désir m'avait déchiré le ventre. Ses yeux étaient encore plus noirs à la lumière du feu, et je crus y déceler une pointe d'amusement comme s'il percevait ma gêne et y trouvait du plaisir."
"Me rappelant fort bien le visage de Mrs Reed, je me mis à chercher dans le lit l'image qui m'était familière. Heureusement que le temps tarit les désirs de vengeance et assoupit la colère et la haine. Lorsque j'avais quitté cette femme, mon coeur était plein d'aversion et d'amertume, et maintenant que je revenais vers elle, je ne sentais en moi que le désir de pardonner toutes les injures et de me réconcilier avec elle."