Du temps qu'on existait : Marien Defalvard
Publié le 21 Août 2011
Y a quelqu'un qui m’a dit de lire
Du temps qu'on existait de Marien Defalvard
Ouvrage déroutant qui replace l’homme au cœur de ses pensées. Le roman débute par une mort et s’achève par la mort. Le cycle de la vie est ainsi refermé. Le narrateur raconte
sa vie pleine de souffrances. Son enfance est assez joyeuse, emplie de joies. Sa famille bourgeoise vit de manière aisée. Un bémol se greffe à ce tableau idyllique, la mère du narrateur est
fantasque. Elle vit dans son monde, solitaire.
Après un drame, le narrateur nous raconte sa fuite à la recherche du bonheur. Celui qui avait bercé son enfance et qui
l’obsédera tout le restant de sa vie.
Marien Defalvard lie les caprices de l’esprit avec les paysages rencontrés. Chaque chapitre est un nouveau paysage décrit
associé à l’humeur de cet anti-héros qui a cessé d’aimer la vie. L’auteur cherche les mots, la syntaxe, le phrasé exact pour exprimer le mal-être qui poursuit son personnage.
Il peint les couleurs des lieux avec cette vision pessimiste de la vie. Chaque tableau est une aquarelle où les couleurs
chavirent l’âme.
Ce roman nostalgique est l’illustration parfaite d’une souffrance intérieure que seule la mort peut stopper.
Ce récit peut dérouter certains lecteurs par la redondance des termes de souffrance qui le parsème.
Je qualifierai ce premier ouvrage d’un auteur de dix-neuf ans de surprenant, énigmatique, à la hauteur d’un auteur comme
Flaubert ou Zola par le réalisme de ses descriptions.
Je vous conseille de le lire la tête reposée et de le relire car la première lecture est une entrée en matière et la seconde
sera votre propre quête du bonheur.
Voici quelques citations tirées du roman :
« Je couvais mon aigreur, mon envie, mes haines, je les soignais, je les sauvais de leurs blessures, je les dorlotais, je les
promenais en badinant, dans le creux de mes bras, je les avais engendrées, nourries, éduquées, je les amusais et les entretenais, je les levais le matin sous leurs couvertures, dans leurs draps
sales, et je les bordais le soir, très vicieuses et sanguines, échaudées, tellement échaudées, comme autant d’astronautes en partance pour la Lune: « bonne nuit. » »
« Je n’avais pas découvert que la ligne de fuite, trompeuse, du futur, devenait, comme dans un spectacle de magie inexplicable,
l’étranglant carcan du passé. Que les projets devenaient regrets, les espoirs souvenirs, la vie la mort. »
« Les écrivains comme les autres recoupent la vie, cisèlent les jours à leur guise; alors dans un roman, construit,
compliqué…j’étais rentré. »
« Et, bien sûr, mieux je m’habillais, plus je tentais d’apparaître beau, élégant, désirable, plus je m’enlaidissais, plus mes
traits perdaient leur union d’étendard, leur unité presque héraldique. »