C'est une chose étrange à la fin que le monde : Jean d'Ormesson

Publié le 6 Février 2020

Question que l'on se pose parfois et qui nous renvoie à notre propre ignorance et notre finitude.

Jean d'Ormesson ne livre pas son interprétation du monde, il confronte les pistes historiques, scientifiques et théologiques. Il renvoie dos à dos des doctrines, les efface d'un revers de la main car balayées par d'autres connaissances. Il accentue son savoir en replaçant chaque élément dans son contexte politique et historique.

Ce que l'homme tente de maîtriser est la connaissance de son passé pour se penser en devenir. Le futur reste une hypothèse dont aucun humain ne peut donner avec certitude la finalité. La seule certitude est que l'Homme né et meurt. Cependant, aucun détail ne peut affirmer quand et où.

Les propositions sont pléthores et aucun individu en devenir ne se retrouve dans cette multitude. Parfois, Dieu (au sens de nombreuses religions) ou une instance supérieure s'accapare de l'esprit humain comme un placébo au monde indéfini.

 

La question demeure ouverte. Faites place à des nouvelles théories !

 

Ce livre regorge de connaissances et de recherches qui permettent au lecteur de mener sa propre enquête. Jean d'Ormesson lui a su donner un sens à sa vie et son propre bien-être.

C'est une chose étrange à la fin que le monde : Jean d'Ormesson

le rêve du Vieux

Les hommes, j’ai pitié d’eux, ils m’amusent, je les admire. La plus belle des prières, c’est leur ardeur à me connaître. Et à m’inventer. Les meilleurs d’entre eux, qui se trompent, bien entendu, autant qu’on peut se tromper, j’aime beaucoup ce qu’ils font. Et, de temps en temps, je les aide. À dire n’importe quoi – et même parfois la vérité. À me traîner dans la boue. À m’élever des statues. Je leur souffle des idées, des phrases, des couleurs et des sons. Alors, ils murmurent : « Ça vient d’en haut… » Quand ils chantent, quand ils peignent, quand ils écrivent, leurs musiques, leurs formes, leurs tableaux et leurs mots sont l’encens que je préfère. Si j’étais un homme, je passerais mon temps à les regarder, à les écouter et à les lire.

Emportés dans cette débâcle, nous avons pourtant le sentiment qu’il y a quelque chose qui dure derrière les choses qui changent. Au cœur de l’éphémère universel, un noyau obscur semble persister. La question posée en Ionie par les philosophes du VIe siècle avant notre ère est celle-ci : « Qu’est-ce qui persiste à travers le changement ? Quelle est la substance qui sert de fondement à tous ces phénomènes qui se succèdent sans trêve ? » Les uns, comme Thalès, répondaient : « C’est l’eau. » D’autres soutenaient : « C’est l’air. » Ou : « C’est le feu. » Ou : « C’est l’infini. »

Les réponses n’avaient pas beaucoup d’importance. Ce qui allait compter dans l’histoire des hommes et dans leur soif de savoir, c’était la question : « Qu’est-ce qui dure derrière ce qui passe ? »


Ce qu’il y a d’intéressant dans le roman du monde, c’est qu’il faut du temps pour que l’énigme se résolve. La découverte du passé est réservée à l’avenir. Les hommes, par la pensée, font en sens inverse le chemin suivi par l’histoire. Plus le monde vieillit, plus il en apprend sur sa jeunesse. Les hommes, à leurs débuts, ne savaient rien sur l’origine des choses. Ils en savent de plus en plus grâce au temps qui se déroule. Le passé s’éclaire à mesure qu’il s’éloigne. Ce n’est qu’à l’extrême fin du monde qu’une partie au moins des secrets de ses débuts obscurs pourront être révélés.

Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #roman, #Jean d'Ormesson, #Académicien

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