La Panthère des Neiges de Sylvain Tesson

Publié le 22 Janvier 2020

La Panthère des Neiges de Sylvain Tesson

Embarqué pour un magnifique voyage. Un roman initiatique de Sylvain Tesson qui campe un décor magnifique et glacial. De nouveau, Sylvain Tesson repousse les frontières de nos ornières nous offrant une méditation contemplative. La recherche de la panthère des neiges est le plus beau prétexte à la quête de notre propre finitude. De manière philosophique, l’auteur guide le lecteur vers une réflexion sur sa place dans le monde, dans le règne animal et sur ses interactions avec son entourage.

 

L’auteur, par sa propre introspection, engendre celle du lecteur. L’émotion et l’émotivité des mots résonnent dans cette immensité tibétaine. L’attente, l’affût de l’apparition de cette panthère des neiges galvanisent les espoirs et les déceptions.

 

Je me suis perdue dans cette attente avec les mêmes réflexions de l’auteur. Merci pour ce voyage initiatique !


« Pendant dix jours, tous les matins, nous battions les environs, traversions les glacis à grands pas (les enjambées de Munier). Au réveil, nous montions à quatre cents mètres au-dessus du baraquement, sur les arêtes de granit. Nous les atteignons une heure avant le jour. L’air sentait la pierre froide. Il faisait -25°C : la température n’autorisait rien, ni mouvement, ni paroles, ni mélancolie. Tout juste attendions-nous le jour dans un espoir hébété. A l’aube, une lame jaune soulevait la nuit et deux heures plus tard le soleil émiettait ses taches sur les nappes de cailloux piquetées d’herbe. Le monde était l’éternité gelée. On aurait dit que les reliefs ne pourraient plus jamais s’effriter dans ces froidures.

Mais soudain, l’immense désert que je croyais abandonner et que la lumière avait dévoilé se mouchetait de taches noires : les bêtes. »

« Dans ce haut parvis de la vie et de la mort, il se jouait une tragédie, difficilement perceptible, parfaitement réglée : le soleil se levait, les bêtes se pourchassaient, pour s’aimer ou se dévorer. Les herbivores passaient quinze heures par jour, la tête vers le sol. C’était leur malédiction : vivre lentement, occupé à paître une herbe pauvre mais offerte. Pour les carnassiers la vie était plus palpitante. Ils traquaient une nourriture rare, dont la rafle constituait la promesse d’une fête de sang et la perspective de siestes voluptueuses. »

« - Vénérer ce qui se tient devant nous. Ne rien attendre. Se souvenir beaucoup. Se garder des espérances, fumées au-dessus des ruines. Jouir de ce qui s’offre. Chercher les symboles et croire la poésie plus solide que la foi. Se contenter du monde. Lutter pour qu’il demeure. »

Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #2019, #Sylvain Tesson, #La panthère des neiges, #Roman initiatique, #Prix Renaudot

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