l'incompréhension face à la mort
Publié le 27 Février 2019
Audrey se réveille, suite aux pleurs de son fils; machinalement elle parcourt la maison, console l'enfant et repart se coucher. Etant frileuse elle se blottit contre l'homme de sa vie. Le lit est étrangement vide. Instinctivement, elle court au canapé où il s'assoupit parfois. Personne ! Juste le froid qui s'est engouffré dans la petite maison. Ce froid est à prendre au propre comme au figuré. Puis l'atroce attente se profile.
La faucheuse a entrepris son travail.
Audrey Bertschy raconte sans tabou, dans Hors-Saison, mais avec pudeur cet enfer dans lequel il est très difficile de s'échapper. Chacun utilise ses armes pour survivre car c'est cela que démontre ce livre une volonté sournoise de vivre face à la mort.
Elle livre son histoire d'amour unique. Audrey Bertschy est heureuse, elle flirte avec ses trente ans, aimeS son compagnon à la folie, construit une nouvelle vie. Puis le drame et la descente aux enfers, comment être heureuse sans lui, comment réaliser de nouveaux rêves quand celui qui devait vous accompagner est retrouvé mort dans la neige à deux cents mètres de votre demeure? Comment offrir à ses enfants un avenir alors qu'Audrey n'y croit plus.
Cette autobiographie à un moment T rassemble en deux cents pages un condensé d'amour, de peine et de richesse de vie. "Hors-Saison" à juste titre car le lecteur ressent cette parenthèse de souffrance dont l'auteur tente d'échapper. Elle exprime ses sentiments face à l'inéluctable et retrace son parcours de vie afin de se pardonner à elle-même et s'excuser auprès de ses enfants de son absence.
Très beau livre d'une auteur suisse qui mérite une place dans la littérature. Certes ce livre est une psychanalyse nécessaire à sa renaissance. Cependant, je pense qu'elle a un phrasé et une technique littéraire agréable.
16h45.
Depuis, le temps n'a pas repris.
Pas besoin de mots pour comprendre, son regard m'a suffi. Un hochement de tête qui remplacera les paroles imprononçables : il est mort.
Sous tes baisers, j'ai senti que le passé devenait illusoire. Le monde que j'avais fabriqué, l'amour que j'avais essayé de construire, le romantisme qui rythmait ma vie de poèmes, de petites fleurs, de rêves sucrés.
Tout cela était une utopie. Mes lèvres contre les tiennes, c'était toi ma réalité.
Notre enfant marche. Il progresse.
Il vit, tout simplement.
Laisser entrer la joie, c'est laisser la place aux autres, aussi, rouvrir ma porte au monde extérieur. Un nouveau défi s'installe, et pas des moindres.
Je me complaisais dans mon cocon de solitude où les serrures étaient closes à la vie extérieure. Mon propre malheur, ma propre souffrance, mes propres emmerdes à gérer, sans avoir à partager encore celles d'autrui.