Dos au mur : Nicolas Rey

Publié le 22 Février 2018

Dos au mur : Nicolas Rey

  Au royaume du mensonge, les écrivains sont légion. Cependant qui croire : l'écrivain ou le narrateur écrivain qui plagie vingt pages pour enfin achever son livre? Le doute s'installe.

 

  Nicolas Rey s'attaque à cet exercice de style avec hauteur et clairvoyance. Il décide de se mettre en scène pour donner encore plus d'épaisseur à son personnage poignant de sincérité. Mais quelle sincérité ou quelle vérité, celle du menteur invétéré ou bien la vôtre (mais n'est-elle pas assombrie par un voile de mensonge)? Tout le jeu de l'écrivain tient dans cette infime frontière qui sépare la vérité du mensonge.

 

  Le plagiat, mot sordide, qui obscurcit très rapidement une oeuvre littéraire et la notoriété d'un écrivain. La méfiance s'insinue dans tous les esprits sur l'authenticité des autres écrits qui ont propulsé l'auteur aux nues. Vingt lignes peuvent détruire un homme, en une nuit.

  Les chapitres courts donnent un rythme soutenu au roman car il s'agit bien là d'un roman. Nonobstant, une question demeure en suspens : un roman, possède-t-il toujours une part de vérité mais quand le roman repose sur un mensonge?

 

  L'écriture est vive, rapide et incisive comme un écueil à la vie.

 

  Bravo pour la performance, cette manière de se confronter à la vérité me plaît franchement. Cette honnêteté fraîche et nouvelle valide que l'homme vit dans une dualité constante où toute vérité n'est pas bonne à dire et que le mensonge peut avoir des effets bénéfiques.

 

La vie de plagiaire doit ressembler à la vie d'un petit braqueur de banque. Ensuite, pendant toute ton existence, il faut que tu regardes derrière ton dos si la police ne débarque pas. Plus jamais, tu ne pourras dormir d'un sommeil tranquille. Tue seras toujours flippé à l'idée qu'on te démasque? Pardon les amis, mais il me restait une nuit pour trouver vingt pages? Et puis, il y a eu ce coup de fil. Et puis, tout m'a paru simple d'un seul coup.

J'écris ce livre en étant totalement clean. Et vous n'imaginez pas à quel point c'est chiant et laborieux d'écrire lorsqu'on est totalement clean. On met un temps monstrueux à écrire une seule ligne qui ne soit pas trop mauvaise. Je me réveille vers quinze heures . Je bois un café. Je regarde de façon désagréable mon ordinateur. Je tente de penser à ma page du soir, mais rien n'arrive. Aux alentours de Vingt-deux heures, j'allume mon ordinateur. Chapitre 24. La page est vierge. La fameuse page blanche. Je reste de longues minutes à la regarder fixement. J'ai mes cigarettes, mon cendrier et mon verre de Coca light.

Le mensonge, mesdames et messieurs les jurés, est un don que nous a donné le ciel pour déposer un peu de baume sur les plaies de la vérité. Il faut regarder la réalité avec des lunettes de soleil. Sinon, on devient aveugle. Et ces lunettes de soleil s'appellent l'illusion.

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Année 2018; Roman

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