le garçon du dernier rang : Juan Mayorga

Publié le 17 Novembre 2017

le garçon du dernier rang : Juan Mayorga

Le monde de l'écriture perçut par un adolescent et un professeur !

 

Qui de la réalité ou de la fiction mène la règle du jeu. La réalité ne se confond-elle pas avec l'imaginaire ou est-ce l'invention qui inonde le monde réel pour lui soustraire une vérité.

 

Lors de corrections de copies, un professeur décèle un élève à l'écriture prometteuse. Il pousse Tom à poursuivre son roman-feuilleton, l'abreuvant de lectures pointues. Ils s'échangent des textes. Tom entre dans l'intimité de la famille d'un camarade de classe. Il se prend au jeu au détriment des conséquences de cette introspection. 

 

Sur cette colonne vertébrale de découverte littéraire se greffe le concept du schéma de création.

 

Très beau texte théâtral se révélant un pur bonheur à monter! 

Germain.- C'est un garçon révolté, c'est tout. Un garçon fâché avec le monde. Et il y a de quoi. Mieux vaut qu'il sorte sa rage comme ça plutôt que de brûler des voitures. Moi, ce sont les autres qui me font peur. Ceux-là, oui, ils sont dangereux. Ceux-là ne respectent rien : ni l'orthographe, ni la syntaxe, ni le sens commun. En dehors de Claude, celles qui font le moins de fautes sont deux petites Chinoises qui ne sont dans ce pays que depuis six mois. La dernière fois que je les ai emmenés au théâtre, ils m'ont fait honte pendant toute la représentation. Et ne t'avise pas de les critiquer si tu veux pas que la brigade des inspecteurs pédagogiques te tombe dessus.

Il lui donne un autre livre. Claude s'en va pour lire et écrire.

Jeanne .- Je ne sais pas ce que tu cherches.
Germain.- A lui apprendre.
Jeanne.- Lui apprendre quoi?
Germain.- La littérature. Et, à travers la littérature, d'autres choses.
Jeanne. - La littérature n'apprend rien.
Germain.- Ah bon?
Jeanne.- Tu sais ce qu'il avait dans sa poche, le timbré qui a tué John Lennon? Bartleby le scribe. Qu'est-ce qu'elle lui a appris, la littérature, à ce fou ?
Germain.- C'est L'attrape-coeurs qu'il avait dans sa poche, l'assassin de John Lennon.
Jeanne.- Peu importe. Ce qui compte, c'est que la littérature ne nous apprend rien. Elle ne nous rend pas meilleurs.
Germain.- Tes expositions nous apprennent davantage. Les gens sortent très cultivés de tes expositions. A condition qu'ils trouvent la sortie.
Jeanne.- Mes expositions, c'est pareil. L'art, en général, ne nous apprend rien.

(...) La pire des littératures se fabrique pour les catalogues d'art contemporain. Une poésie poubelle, un jargon de mafieux, des histoires sans queue ni tête. N'importe quoi pour vendre ça, regarde la photo. C'est de l'art parce que quelqu'un l'a écrit, sinon, ce serait de la merde. Tu imagines un travail plus triste pour un écrivain? Oui, écrire un discours pour le ministre de l'Education : "Assemblez deux cents mots pour justifier cette chierie."

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Le lever de rideau

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