Plus folles que ça tu meurs : Denise Bombardier

Publié le 30 Janvier 2017

Plus folles que ça tu meurs : Denise Bombardier

Atteindre 60 ans est parfois une rude épreuve et ce roman ne voilera pas la face du lecteur. Stoppons-nous un moment de lire des romans sur la vie sexuelle  trépidante des quarantenaires pour nous intéresser à celles des sexagénaires.

 La narratrice affublée des copines, de sa fille névrosée, délie les langues sur la perception des corps passés la ménopause. Elles repeignent le décor de leur vie amoureuse, se  délectent de repas très arrosés et se cachent derrière des vies bien remplies.

 Peur de vieillir, Denise Bombardier glisse dans son roman léger les clefs d'une vieillesse réussie : plus de tabou, juste le désir de vivre sereinement (avec quelques coups de pouce chirurgicaux).

 Le lecteur contemple, s'incruste dans les réunions entre copines comme le dernier des confidents. Il reste muet, attentif aux révélations truculentes. 

 Ce roman concentre un florilège d'anecdotes qui calmeront les angoisses de la vieillesse (dont je ne citerai pas les noms). Chacune des protagonistes vit avec ses névroses, fuit sa propre angoisse de la mort , de la maladie et surtout de la solitude. 

 Le lecteur pourra émettre quelques réserves sur les problèmes de ces dames qui ont un niveau de vie qui leur permet de fuir certaines réalités. 

 Cependant, le point de vue adopté par cette auteure canadienne apporte une vision neuve et moderne de la femme sexagénaire qui souffre des mêmes maux que les autres femmes à chaque âge. 

Un anniversaire est un moment excitant tant que l'on peut multiplier par deux notre âge et que le chiffre indiqué sur le gâteau évoque encore la jeunesse. Il devient problématique, en revanche, à partir d'environ vingt-cinq ans, quand on saisit qu'on atteindra un jour le double, soit la moitié d'un siècle. À cet âge, les hommes fanfaronnent encore et les femmes se regardent peu dans la glace, à tout le moins sans insistance. Ensuite, le rythme des visites chez le docteur remonteur de figure et compresseur de ventre se fait plus régulier. Et, à la fin de la quarantaine, on rêve d'un abonnement avec tarifs réduits.

En effet, je comprends un peu ces femmes qui n'acceptent plus de coucher qu'avec des ex. Être en terrain connu rassure et réduit les mauvaises surprises. D'autant qu'un fossé quasi infranchissable existe entre les fantasmes sexuels de la jeunesse et leur réalisation par des corps sexagénaires. Les prouesses de gymnaste comportent des risques pour les vieux, c'est connu. Quant à certaines pratiques amoureuses, elles apparaissent grotesques une fois franchie une limite de fraîcheur. La vieille et confortable position du missionnaire demeurant d'une efficacité sans failles pour les gens du troisième âge capables de ne pas bouder leur plaisir, recourons-y avec joie. Contrairement à ce que certains jeunes prétentieux qui font de plus en plus appel aux pilules bleues, dit-on, aiment à croire, l'amour physique n'a pas d'âge quand on se connaît bien. Et moi, avant de retrouver ma peut-être future conquête, je savais ce que je valais et aimais.

Charles veut m'offrir un diamant, mais n'ose pas le choisir lui-même. Je lui ai pourtant donné ma bénédiction : un homme qui offre un saphir Padparadscha n'a pas besoin de l'assentiment de celle qui le recevra. "Oui mais le diamant de mariage est plus symbolique", m'a-t-il dit. Pour toute féministe affranchie appréciant les bijoux, existe-t-il plus miraculeux qu'un homme traditionnel dans la vie ?

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Rédigé par toujoursalapage

Publié dans #Rentrée littéraire 2017

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